LE LOUP DEBONNAIRE

 

I             

Le grand loup gris,    

Voyant son p’tit dernier

Pousser son cri,

Dressa l’oreille, inquiet ;

Quelle drôle de voix

Pour un futur chasseur,

La biche au bois

Peut s’endormir sans peur ;

Et ses canines

Comme deux dents de lait

Et son échine

Comme celle d’un agnelet,

Seront au centre

Des potins, des cancans,

Dans toutes les antres

Des Carpates aux Balkans…

 

Refrain

Il est né un p’tit loup

Débonnaire,

Perdu parmi les loups

Sanguinaires,

Un loup tendre, un loup bon,

Un loufoque,

Surprenant rejeton

Pour l’époque ;

Oui, vraiment, un p’tit loup

 Débonnaire,

Pas un de ceux qu’on loue,

Qu’on vénère ;

Aux moqu’ries, aux lazzis,

En pâture,

Véritable hérésie

D’la nature.

 

 

II

Quelques semaines

Passèrent et le petit

Loup phénomène

Se mit en appétit ;

Point de veau gras,

De daim dodu ni du

Lapin, du rat

Mais des œufs frais pondus.

Il fut sur l’heure

La risée de la horde,

Souffre douleur,

Sans crainte qu’il ne morde,

Car chez ces fauves

On montre de la griffe

Ceux qui se sauvent

A la vue du sang vif.

 

Refrain :

Il était un jeun’ loup

Débonnaire,

Perdu parmi les loups

Sanguinaires,

Un loup tendre, un loup bon,

Un lou-foque,

Pas friand des moutons

De l’époque,

Oui vraiment un jeun’ loup

Débonnaire,

Pas un de ceux qu’on loue,

Qu’on vénère,

Aux moqu’ries aux lazzis

En pâture,

Véritable hérésie

D’la nature.

 

IV

Loin de l’élite,

Il vieillit sans manière,

En loup ermite,

Au fond de sa tanière ,

Abreuvant les

Agneaux, les chaperons,

Les porcelets,

D’histoires de loups poltrons ;

Mais s’en fut trop

Quand pris par son écoute,

De trois louv’teaux,

Il fit trois petits scouts ;

La meute hurla

A la faute excessive,

L’écartela

Jusqu'à c’ que mort s’en suive.

III

Devenu fort,

Ce monstre de tendresse

Put sans effort

Rivaliser d’adresse

Avec les lièvres

Pour la course de fond,

Avec les chèvres

Pour le saute moutons ;

Comme en amour

Il faisait par nature

Patte en velours

Et langue à l’aventure,

Les louves en rut,

D’ordinaire assaillies

Par de vraies brutes,

Fondirent sous ses saillies.

 

Refrain :

Il était un grand loup

Débonnaire,

Perdu parmi les loups

Sanguinaires,

Un loup tendre, un loup bon,

Un lou-foque,

Premier loup cupidon

De l’époque,

Oui vraiment un grand loup

Débonnaire,

Pas un de ceux qu’on loue,

Qu’on vénère,

Aux moqu’ries, aux lazzis

En pâture,

Véritable hérésie

D’la nature.

 

Refrain du IV :

On sacrifia ce loup

Débonnaire,

Perdu parmi les loups

Sanguinaires,

Ce loup tendre, ce loup bon,

Ce lou-foque,

La famille en fit don

A Moloch ;

Délivré du vieux loup

Débonnaire,

On vécut malgré tout

Sur les nerfs,

A épier de chaqu’ pro          

Géniture,                             

Les cris, le crin, les crocs,  

La stature (bis).